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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/163

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British Museum et rester « un parfait illettré » sans éducation. Combien se vendraient tous les rayons garnis de livres du royaume uni en comparaison du prix qu’atteindraient toutes ses caves de vins fins ? Les « Lys du jardin des Reines » ne sont autre chose qu’un sermon pour les femmes. Il renferme quelques belles pensées sur les héroïnes de Shakespeare, de Dante, de Sophocle et de Spenser avec un éloge un peu plus mitigé de celles de Scott. Presque dans les termes mêmes dont Comte s’était servi plusieurs années avant lui, il nous dit : « Chaque sexe possède ce que l’autre n’a pas ; ils se complètent réciproquement ; ils ne se ressemblent en rien et leur bonheur comme leur perfection demandent que chacun reçoive de l’autre ce que l’autre peut donner. » Et, en phrases d’une grâce exquise, il trace pour les jeunes filles un plan d’éducation, pour les femmes un mode d’existence que ses admirateurs socialistes ont trouvé dangereusement voisins de ceux d’Auguste Comte.

La dernière conférence donnée à Dublin, en 1868, fort exactement intitulée « Le mystère de la Vie et des Arts », est la plus importante, la plus personnelle, la plus débordante de pensées ; et en vérité, ces soixante pages sont parmi les plus admirables que Ruskin ait écrites. Elle est pleine de tristesse et de méditations religieuses ; elle est une exhortation passionnée à une réformation de la