Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/183

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leur salut de mortifier. Il faut donner un sens très étroit au mot « perfection » pour comprendre que la tête du Jupiter Olympien de Phidias n’est pas parfaite et qu’il manque quelque chose aux trois grâces de Raphaël et aux Vénus du Titien ; mais ce que Ruskin veut évidemment dire, c’est qu’aucune tête grecque connue n’a l’expression du Christ de Léonard et que le Bacchus du Titien pas plus que sa voluptueuse duchesse ne présentent les nobles formes du Thésée ou de l’Aphrodite de Melos. Le Grec ne cherche jamais à exprimer une passion passagère, l’artiste florentin en fait au contraire l’objet principal de sa recherche. Un Grec n’exprime jamais un caractère personnel, un Florentin considère au contraire l’expression du caractère comme la suprême condition de la beauté. Les Grecs n’idéalisent point la beauté. La Vénus de Milo a de la dignité, de la simplicité, mais non le charme d’une jeune fille anglaise. Chez les Grecs, rien de mystérieux ni de sentimental — leur force est dans la Raison — ils reproduisent une chose dans toute sa simplicité. Le Grec, en un mot, a une conception large, puissante et calme, mais en même temps, délicate, subtile et variée.

Le Nid de l’Aigle (1872) — le livre que Carlyle préférait est un cours de métaphysique sur les facultés morales et esthétiques, bien plus que sur