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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/185

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Mais, étant donnée la méthode capricieuse et décousue de Ruskin, on y trouve, sous une forme exquise, bien des pensées suggestives sur les relations de la Science, de l’Art et de la Littérature, entrecoupées d’ingénieuses citations d’Homère, d’Aristote, de Shakespeare, de Chaucer, de Goethe et de Blake et agrémentées de gracieuses fantaisies sur l’instinct et le chant des oiseaux. Le raisonnement, où scintille une brillante imagination et où fourmillent les allusions, n’est pas très facile à suivre mais il revient à peu près à ceci : l’objet de l’Art est de représenter ce qui est visible, non de donner une explication scientifique de la composition intime et invisible d’une chose et encore moins de son origine. Trois mille ans ont passé depuis l’âge d’Ulysse qui sut résister à la tentation d’apprendre des Sirènes « une nouvelle sagesse », et nous en sommes encore à chercher à augmenter notre savoir plutôt qu’à nous servir de celui que nous possédons, nous sommes chaque jour plus désireux d’élargir le champ de nos découvertes, chaque jour nous perdons un peu plus de notre faculté d’admiration et de respect. Il y ajoutait bien d’autres choses encore qui n’eurent pas plus de résultats que ceux que produisent sur les étudiants les sermons universitaires.

Lorsqu’il en vient à donner son avis sur l’art du dessin, Ruskin proteste avec énergie contre toute