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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/192

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au monde de plus funeste au caractère chrétien et à l’intelligence humaine que ces maudits sports où l’homme se transforme en chat, tigre, serpent, choetedon et alligator tout à la fois et rassemble avec une cruauté continue et pour son amusement tous les stratagèmes que les animaux emploient seulement par intervalles et pour satisfaire leurs besoins. » II répète cette violente invective contre les sports trente-cinq ans après et il ajoute que chaque heure de sa vie n’a fait que rendre plus amer le sentiment que lui inspire cette habitude de la chasse chez les soi-disant classes supérieures en France et en Angleterre, qui a transformé des chevaliers et des gentilshommes en jockeys, en spéculateurs, en usuriers et même, avec leurs battues, en bouchers… etc. ».

On ne comprendrait rien à la vie de Ruskin si on ne saisissait aussi comment ces gracieuses digressions sur les rouge-gorges et les hirondelles amènent dans son esprit cet anathème amer contre la vie moderne ; on peut seulement se demander ce qu’en pensaient les jeunes gentilshommes auxquels il s’adressait et aussi quel rapport il pouvait bien y avoir avec les leçons académiques d’un professeur de Beaux-Arts. Mais il serait tout à fait vain de lire Ruskin si l’on ne sentait pas que l’art, à ses yeux, n’est que cendre et poussière s’il ne signifie pas vie et vérité. Il peut se faire aussi que