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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/196

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ment mystique et fantaisiste ; on peut même dire que les phrases présentent quelquefois un sens profond et renferment de hautes vérités, mais elles éclatent l’une après l’autre avec une inconséquence digne du fameux repas de noces des Joblillies et du Grand Panjandrum lui-même. Leur lecture fait songer à ces tableaux kaléidoscopiques qui se succèdent dans un rêve où chaque incident n’a de relation ni avec celui qui précède ni avec celui qui suit. Il n’est que trop évident que, à cette époque, le système nerveux du Professeur, tendu à l’excès et excité d’une manière maladive, surmenait son cerveau et conduisait ce beau génie à un inévitable écroulement.

Tel est, en somme, le caractère des dernières leçons d’Oxford : l’incohérence était allée en augmentant, et il ne put jamais s’assujettir à confiner son cours à l’étude et à l’enseignement de l’art. Il faut qu’il soit moraliste, philosophe, législateur, prophète — ou rien du tout. S’il enseigna le dessin, c’est seulement pour montrer comment il doit être une école de vérité ; de travail et d’obéissance. S’il parle des peintres, c’est seulement pour montrer à quel point les grands artistes furent indépendants de la science, comment on n’est pas un peintre si l’on n’est pas un homme loyal, sincère et foncièrement religieux. Si hétérodoxe et si originale que soit sa science, elle nous donne par-