Aller au contenu

Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois l’intuition de la vérité scientifique, comme celle qui nous frappe souvent dans la poésie de Shakespeare ou de Goethe.

En dépit de l’insuffisance et du manque de suite de son savoir comme homme d’étude, nous sommes continuellement frappés, dans les leçons d’Oxford, de l’immense étendue de ses lectures, de la subtilité de ses commentaires et de la force sympathique avec laquelle il a pénétré l’âme cachée de tant d’écrivains classiques en prose ou en vers, romains ou grecs. Aucun de ceux qui ont enseigné la poésie ou la philosophie grecques n’ont touché d’une aussi puissante baguette magique tant d’inimitables passages d’Homère, d’Hésiode, d’Eschyle, de Pindare, d’Aristophane, de Platon, d’Aristote, de Xénophon, de Lucien ou bien de Virgile, d’Horace et de Catulle. Le titulaire du Cours d’Esthétique n’a peut-être pas appris grand chose à ses élèves sur les Beaux-Arts, mais il a donné aux plus lourds d’esprit, aux plus dénués d’imagination des idées nouvelles sur le rôle de l’Art dans la Vie, un plus haut idéal pour l’Art comme pour la Vie et il a fait comprendre à tous le sens exact de l’Art, si on l’élève au-dessus de la médiocrité et de l’esprit mercantile où il est trop souvent enlizé. Parfois, quand il consent à parler d’art, ses jugements sur les peintres et la peinture, en faisant la part du paradoxe, sont d’une merveilleuse pénétration ;