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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/20

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lui permettait Robinson Crusoé et le Pilgrim’s Progress. Un peu plus tard, son père lui lut à haute voix Shakespeare, Byron, Don Quichotte et Pope, et, comme c’était un homme cultivé et d’un goût très fin, il le faisait avec âme et produisait beaucoup d’effet. Cet enfant merveilleux apprit seul, à l’âge de 4 et 5 ans, à lire et à écrire — il lisait par sentences complètes, non par lettres et syllabes, et il écrivait, en imitant les lettres moulées, « comme les autres enfants copient des chevaux ou des chiens ». Ce n’est point là une légende de famille ; nous avons, en effet, dans l’Autobiographie, un fac-simile daté d’une des compositions de l’enfant, alors âgé de sept ans, accompagné du croquis d’un sentier de montagne. Le passage est une longue description de nuages qu’un certain jeune Harry, à l’aide « de son appareil électrique », démontre chargés d’électricité positive et où il fait à cette occasion un rapprochement avec l’apparition de la sorcière des Alpes au milieu de l’arc-en-ciel dans Manfred. Il est rare d’avoir un tel exemple de précocité et de trouver chez un enfant une orthographe aussi correcte, une écriture aussi habile, l’expression littéraire jointes et l’intérêt scientifique et à l’exacte observation de la nature. Nous ne nous étonnerons plus en apprenant que les parents de cet enfant du miracle se crurent bénis du ciel et gratifiés d’un autre Samuel.