Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les Præterita nous offrent un morceau de réelle psychologie lorsqu’elles décrivent minutieusement comment l’enfant contemplait le dessin d’un tapis, comptait les briques d’un mur, suivait les remous de la Tay « bruns-clairs sur les cailloux » ou regardait pendant des heures le jeu des vagues ou « les filets d’eau dansant sur le sable et les ébats des goujons aux cascades de Wandel ». Bien que né à Londres, l’enfant, dès l’âge de quatre ans, suivit sa famille à Herne-Hill, « une colline rustique », à quelques milles au sud de la ville. De là on avait vue sur les Norwood Hills, sur Harrow et Windsor. Dès ses premières années, son père l’emmena dans ses courses d’affaires annuelles au nord de l’Angleterre et même jusqu’aux lacs et en Écosse ou il faisait quelque séjour à Perth auprès de sa tante et de ses cousins. Dans ses tournées pour visiter les clients et placer son sherry, Ruskin le père, qui avait un goût assez cultivé, conduisait son monde visiter les cathédrales, les châteaux, les abbayes en ruines, les collèges, les parcs, les maisons de campagne, les galeries de peinture ; c’est là que le jeune garçon, plein de la lecture de Walter Scott, passionné pour les paysages, nourrissait ses chevaleresques fantaisies et s’enivrait de beauté à chaque pas. Dans les bras de sa bonne écossaise, l’enfant bégayait déjà les Modern Painters.

À l’âge de quatre ans, son portrait fut fait par