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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/204

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leurs rames et leurs raquettes pour devenir « des soldats de la charrue » en réparant un chemin d’exploitation, auquel personne ne touchait. Le professeur se procura tout un stock de pioches et de pelles, envoya son jardinier pour en montrer l’usage et se mit lui-même bravement à la besogne. On trouva cela un peu don quichottesque, on en rit beaucoup, d’autant plus que la réfection de la route fut un insuccès aux yeux des hommes du métier.

Mais il y avait dans cet incident plus de choses que l’on en pouvait pressentir à première vue. Il montra à un certain nombre de jeunes gens combien ils étaient inférieurs à un terrassier de force moyenne, faisant une journée moyenne de travail, mais il aurait pu apprendre aussi au professeur lui-même, s’il n’avait pas été sourd à tout enseignement, que les arts et les sciences ne sauraient être improvisés de novo par un simple amateur, quelque ardent que soit son enthousiasme, quelque honnête que soit son but. Néanmoins, l’esprit qui poussait à améliorer le chemin d’Hinksey devait pénétrer profondément chez ceux qui voulaient le comprendre. « Je vous dis », — c’est ainsi que Ruskin s’exprimait un jour à Oxford, — « je vous dis que l’Angleterre n’aura jamais ni art pur, ni saine politique, ni vraie religion tant que, négligeant, si cela est possible, et vos parcs et vos lieux