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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/215

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accuser d’être des « marchands de poison et de choses honteuses » parce que leurs idées sur la beauté avaient été formées d’après l’antique et non d’après la Bible et le Moyen Age vient d’une aberration morale encore plus qu’esthétique.

Ce furent ces injustices violentes, ces incessantes contradictions et ce manque de suite dans les idées, — qui allèrent en augmentant pendant cette période troublée de la vie de Ruskin (1871-1886), — qui lui aliénèrent les hommes sérieux et d’esprit rassis. Etre « une voix criant dans le désert » c’était assez légitime de la part d’hommes qui, comme Coleridge et Shelley, Carlyle et Tolstoï ont voulu regarder en face la misère humaine mais un professeur de Beaux-Arts dans une Université a des devoirs plus précis, puisqu’il a accepté une tâche déterminée au milieu d’un corps organisé de maîtres de la jeunesse. Se servir de la peinture et des artistes comme d’un prétexte pour une propagande religieuse et métaphysique de son cru, dénoncer et tourner en ridicule ses collègues, en raison de la spécialisation de leurs études, transformer la chaire d’université qui lui est confiée en une tribune pour prêcher je ne sais quel néo-christianisme ou paléo-catholicisme, voilà qui était déloyal vis-à-vis des fondateurs et des directeurs de l’œuvre dont il avait accepté le titre et les fonctions. Et cela l’était encore plus, de la