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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/224

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pression d’un caractère profondément religieux, mais aussi d’un tempérament maladif ». Elle se trouva choquée du ton latitudinaire de Fors. « Elle ne pouvait s’unir décemment à un libre-penseur. L’alternative était simple à ses yeux, la décision fut cruelle mais, après avoir aperçu sa voie, elle s’éloigna résolument ». (Collingwood, p. 299).

Ce fut en 1872 qu’elle refusa définitivement de devenir sa femme ; elle avait vingt-quatre ans et lui cinquante-trois ils se séparèrent pour toujours. Elle tomba malade et elle était évidemment en danger de mort, lorsque trois ans plus tard, il lui écrivit pour lui demander de la revoir encore une fois. Pour toute réponse, elle lui demanda s’il pouvait affirmer qu’il aimait Dieu plus qu’elle. Il ne put dire oui ; elle refusa de le revoir et mourut ainsi. En présence d’une si réelle tragédie, toute remplie d’une peine atroce pour deux âmes si profondément sincères et entourée pourtant de circonstances si étrangement morbides que ceux qui la connaissent entièrement aussi bien que ceux qui n’en ont que quelques lueurs peuvent en porter les jugements les plus différents, ce qu’il y a de mieux à faire est de garder le silence, fût-ce pour approuver. Un écrivain français a dit : « Il faut s’incliner bien bas devant ces deux âmes, assez fortes pour sacrifier, l’une sa vie, l’autre son bonheur, à la sincérité absolue. Le grand Corneille les