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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/233

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de désespoir. C’est la torture d’une âme tendre qu’outragent d’une façon maladive les spectacles vulgaires ou cruels ; c’est une noble colère contre la grossièreté et contre le mal ; c’est une résurrection de la douce pitié médiévale d’un saint François ou d’un Thomas A’Kempis, dans un monde qui ne comprend plus les saintes extases. On ne peut, dans une relation sincère de la vie anormale d’un génie unique, passer sous silence les maladies autant mentales que physiques, sous l’influence desquelles les angoisses d’une âme pure ont été incorporées à notre littérature. Mais ce n’est point à celui qui n’a pu les observer que du dehors, qui n’a pu être que partiellement informé et n’a pu tout comprendre, qu’il appartient de décrire de telles agonies. À la distance où nous sommes de Ruskin, ses paroles nous surprennent et nous font l’effet « de cloches d’un son doux, mais discordant » et nous ne parvenons pas à comprendre l’état d’esprit dans lequel elles furent écrites.

Seul, M. Collingwood, son ami, son secrétaire, son biographe, qui eut des occasions spéciales de l’approcher, a une autorité particulière pour parler. Laissons donc l’ami et le disciple choisi, nous conter cette triste histoire :

« De trop vives excitations dans son enfance, » une trop grande application au travail durant sa