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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/232

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année, il parla à Oxford, à Londres et à Coniston, mais ce furent là ses adieux au public. Il essaya de professer encore à Oxford en 1884. Il se lança alors dans une sorte de rhapsodie intitulée « La nuée d’orage du xixe siècle », dans laquelle le triste hiver de cette année 1884 était représenté devant un auditoire de Londres comme un signe visible envoyé pour punir l’iniquité blasphematoire dans laquelle le siècle était plongé. Son cours d’Oxford sur « les Plaisirs de l’Angleterre » parut à ses meilleurs amis si décousu tel qu’il l’avait préparé, qu’on le décida à y substituer des lectures de ses anciens ouvrages. Lorsque l’assemblée des professeurs décida par un vote la création d’un laboratoire de physiologie au Museum, il donna brusquement sa démission pour la seconde fois et secoua de ses pieds la poussière d’Oxford, des Académies et des cités. Ce n’était que le prélude d’une nouvelle crise cérébrale qui le terrassa et le laissa incapable d’aucune pensée continue.

La littérature moderne n’a pas de cris de souffrance plus poignants, ne donne pas idée de rêveries plus douloureuses que celles arrachées à Ruskin pendant ces sombres jours. Ni Swift ou Rousseau, ni Byron ou Carlyle n’ont lancé des paroles plus violentes et plus pathétiques. Et, dans les plaintes de Ruskin on ne trouve pas trace de sentiments honteux, de vanité blessée, de cynisme ou