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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/241

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de me livrer à mes occupations favorites ; la lumière même du jour qui se lève m’est devenue odieuse à cause des misères que je connais, que je devine quand je ne les vois pas et qu’aucune imagination ne peut se dépeindre trop amèrement. Je ne puis donc supporter cela patiemment plus longtemps et, à compter d’aujourd’hui, avec l’aide de quelques-uns ou de plusieurs, je veux faire tout mon possible pour diminuer ces misères ». Dans sa cinquième lettre de Fors du 1er mai 1871, lettre que Carlyle salua « d’incomparable, de consolation presque sacrée et qui lui arrachait des larmes », Ruskin exposait le plan de la Compagnie de Saint-Georges. Il voulut y consacrer le dixième de ce qu’il possédait et le dixième de ce qu’il pourrait gagner plus tard. On devait essayer de faire d’une petite portion de la terre anglaise, une terre de beauté, de paix et de production, une terre où ne se verraient point de machines à vapeur ni de chemins de fer, où l’on ne pourrait trouver une seule créature abandonnée ; pas de malheureux en dehors des malades, pas d’oisifs excepté les morts, ni égalité ni liberté, une obéissance de tous les instants. Dans ce paradis d’Utopie, la société et l’industrie devaient être réglées strictement d’après un plan tout nouveau, tel qu’il est décrit dans les Lois de Fiesole et dans les lettres suivantes de Fors. Sir Thomas