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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/252

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L’auteur de ce Credo s’imaginait qu’aucun homme sincèrement bon et religieux ne se refuserait à professer et à signer de tels articles de foi. Il y avait là quelque naïveté. Le second article est une négation directe de la croyance chrétienne orthodoxe dans la perversité désespérée du cœur humain et dans la misérable faiblesse de l’homme. D’ailleurs, la noblesse de l’Humanité, sa majesté, ses élans miséricordieux, son amour constituent, au point de vue religieux, la doctrine des seuls positivistes et elle est rejetée par beaucoup de sceptiques et d’agnostiques aussi bien que par les chrétiens eux-mêmes. L’article V serait une pierre d’achoppement et une offense, non seulement pour tous les partisans d’un « sport » quelconque, mais pour presque toutes les personnes non affiliées à quelque propagande humanitaire. Quant aux articles VII et VIII, il n’est point évident qu’ils impliquent une obéissance de jésuites pour leur général — perinde ac cadaver. Mais la clause réservée qui limite l’obéissance à ce que le compagnon « suppose lui-même être la loi de Dieu » justifierait la plus opiniâtre résistance de la part d’un Puritain, d’un Quaker, d’un Covenanter ou d’un Anabaptiste ; enfin, comme le Maître de la Société Saint-Georges lui-même réprouvait un certain nombre des habitudes ordinaires de la civilisation moderne, une latitude considérable