Aller au contenu

Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par jour, les arrêts du matin et du soir, les promenades autour du village, les crochets pour visiter un château ou une église. Et après le long parcours depuis Calais, à travers la Forêt Noire jusqu’à Schaffouse, voici qu’apparaissent pour la première fois, comme une vision du paradis, les Alpes neigeuses — « Les Alpes claires comme du cristal, se découpant au vif sur le pur horizon du ciel et déjà tintées de rose par les feux du soleil couchant. » Pour l’enfant de génie ce fut comme une révélation, comme « un appel » de la destinée.

« Je redescendis ce soir-là de la terrasse du jardin de Schaffouse avec ma destinée fixée dans tout ce qu’elle pouvait avoir de sacre et d’utile. Vers cette terrasse et vers les rives du Lac de Genève, mon cœur et ma toi se reportent en ce jour à chaque noble sentiment qui vit encore en moi et à chaque pensée de réconfort et de paix. »

Le récit de ces voyages précoces et des visites aux Lacs et en Écosse, la description de la maison du Surrey expliquent le développement des facultés de celui que Mazzini appelait « l’esprit le plus analytique de l’Europe » ; ils font comprendre ce que Ruskin s’attribue très justement « la patience pour observer et la précision dans les sensations — un désir ardent et méthodique d’ac-