Aller au contenu

Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous. Rappelons-nous aussi que Ruskin sortait de maladie et qu’il voyageait pour préserver sa santé. Il nous dit que Rome était bien le pire endroit où on aurait dû le conduire et qu’à cette époque et pendant tout le temps qu’il y resta, il était « simplement comme un jeune têtard tout agité et détrempé ».

Le retour dans les Alpes, les glaciers et les lacs de la Suisse rendirent la santé à ce cerveau surmené et à cette organisation délicate. Les effets miraculeux des montagnes sur Ruskin devraient, comme il le dit dans Præterita, être médités par les psychologues et par les médecins. Ces volumes renferment quelques-unes de ses descriptions, de ses paysages les plus exquis, et souvent ils ne sont que des extraits de son journal qui n’étaient destinés à être connus que de lui seul ; telles sont les vues de Dôle et du col de la Faucille (Præter., I, 193). J’ai pu, moi-même, en juger certain matin de 1851, par le plus magnifique et le plus rutilant lever de soleil précédant un orage. Un autre morceau étonnant est la description du Rhône au-dessous de Genève (Præter., II, 90) une des plus superbes peintures que Ruskin ait jamais écrite ; ou encore le torrent du glacier du Triolet (Præter., II, 221). Un souvenir intéressant pour nous date de 1849 (il avait alors trente ans) ; c’est l’observation de la dure existence des montagnards qui