Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/81

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fut entraîné par un motif « de nature tout à fait irrésistible ». Dans la maison de la veuve de Sir Humphry Davy, il avait rencontré Charlotte, la fille de Lockhart, « une fée écossaise, une sorte de Dame Blanche, fatale ensorceleuse, semblant sortir de l’écume des torrents de Rymer’s Glen, et visible seulement au clair de lune sur les sommets des Eildon ». Naturellement, John tomba amoureux de cette féerique petite-fille de Sir Walter Scott, soupira en silence et ne put jamais arriver à lui parler sérieusement : « elle faisait peu attention à ce que je disais » ; et c’est ainsi, qu’à table et par-dessus sa tête, il se querellait avec M. Gladstone au sujet des prisons de Naples. Pour la séduire, il écrivit un article sur l’art chrétien et s’aperçut de l’inutilité de ses efforts. Désespéré, il tomba encore une fois dans un découragement profond et devint malade. Charlotte Lockhart, comme on le sait, épousa Hope Scott.

Réduit de nouveau « en un tas de cendres grises », au printemps de 1847, il se retira à Ambleside dans un état de dépression tel qu’il n’en connut ; pas de pire jusqu’en 1861 ; enfin, désappointé, dyspeptique, et dégoûté de son article de la Quarterly, il rentra chez lui avec une santé si compromise que ses parents le confièrent encore une fois aux soins du Dr Jephson de Leamington. Là, déçu dans son amour, il s’abandonna à l’amitié.