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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/89

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laissé de traces. Nous ne savons pas pourquoi ils travaillèrent ni s’ils furent récompensés. Victoires, richesses, autorité, bonheur — tout a disparu, quoique acheté sûrement par les plus amers sacrifices ; mais d’eux, de leurs existences, de leurs labeurs sur la terre, nous avons comme une compensation, une évidence dans ces masses grises de pierres sculptées. Honneurs, puissance, erreurs les ont suivis au tombeau ; ils ne nous ont laissé que leur adoration. »

Un homme doué de sentiment et, gardant dans l’âme un écho de ces mélancoliques paroles, ne pourra rester en présence d’une cathédrale du Moyen Age sans ressentir tout ce qu’elle reçoit ainsi de haute signification et de sublime pathétique.

Et quel enseignement dans le passage fameux sur le « clair-obscur en architecture » !

« Je ne crois pas qu’aucun monument ait jamais eu quelque vraie grandeur sans masses puissantes, vigoureuses, profondes de portions d’ombre sur sa surface. Une des premières habitudes que doit prendre un jeune architecte est celle de penser aux ombres, de ne pas considérer seulement son dessin sous le rapport misérable, incomplet de la ligne, simple squelette, mais de le concevoir tel que le feront les premiers rayons du jour ou les dernières lueurs du