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Page:John Ruskin par Frédéric Harrison.djvu/88

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rapport avec l’élévation de la pensée. On ne condamne pas les Sermons de Bossuet ou les pamphlets de Milton parce qu’ils sont trop éloquents. Je suis disposé à croire que la prose anglaise n’a pas de passage plus impressionnant que la fameuse péroraison de la « Lampe du Sacrifice », et, chose assez étrange, il est précisément écrit à propos du « Luxe dans l’ornementation ».

« Il n’y a pas surcharge d’ornements s’ils sont bons, il y en a toujours trop s’ils sont mauvais… Cette hautaine simplicité de style ne peut plaire que par contraste et devient fatigante si elle est universelle ; c’est le repos, c’est aussi la monotonie de l’art ; c’est à une inspiration bien plus heureuse et plus élevée dans son exaltation que nous devons ces belles façades de mosaïques bigarrées que la fantaisie a peuplées d’images aussi multipliées et aussi fantasques que celles d’un rêve d’une nuit d’été ; c’est à elle que nous devons ces portes cintrées avec leur treillis de feuilles, ces labyrinthes de fenêtres avec leurs ornements entrelacés et leur lumière stellaire ; ces vaporeuses masses de clochetons multipliés et ces diadèmes de tours ; c’est là tout ce qui nous reste peut-être de la foi et de la terreur religieuse des nations. Toutes les autres idées auxquelles les anciens constructeurs sacrifièrent — leurs intérêts vitaux, leurs buts, leurs succès — n’ont pas