Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/131

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Corinne, qui remporta cinq fois sur lui le prix des vers, doivent avoir eu assez de mérite pour qu’on ait pu les comparer à ce grand poète. Aspasie n’a pas laissé d’écrits philosophiques : mais on sait que Socrate lui demandait des leçons et déclarait en avoir profité.

Si nous considérons les ouvrages des femmes dans les temps modernes, et si nous les comparons à ceux des hommes soit dans la littérature, soit dans les arts, l’infériorité qu’on y trouve se réduit à un seul point, mais très important : le défaut d’originalité. Je ne parle pas d’un défaut absolu, car toute production de quelque valeur a une originalité propre, est une conception de l’esprit lui-même, non une copie de quelque autre chose. Il y a beaucoup d’idées originales dans les écrits des femmes, si par ces mots on entend qu’elles ne les ont pas empruntées et qu’elles les ont formées de leurs propres observations et par leur propre esprit. Mais elles n’ont pas encore produit de ces grandes et lumineuses idées qui marquent une époque dans l’histoire de la pensée, ni de ces conceptions essentiellement nouvelles dans l’art, qui ouvrent une perspective d’effets possibles non encore imaginés, et fondent une école nouvelle. Leurs compositions vivent le plus souvent sur le fond actuel des idées, et leurs créations ne s’écartent pas beaucoup du type établi. Voilà l’infériorité que leurs