Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tolérable pour les membres faibles (sous la protection désormais universelle et impartiale de la loi) sans qu’ils aient à mettre leur espoir dans les sentiments chevaleresques de ceux qui sont en position de les tyranniser. La beauté et la grâce du caractère chevaleresque sont restées ce qu’elles étaient, mais les droits du faible et le bien-être général reposent sur une base plus assurée. Il en est ainsi partout, excepté dans la vie conjugale.

Aujourd’hui l’influence morale de la femme n’est pas moins réelle, mais elle n’est pas aussi marquée ni aussi définie ; elle a en grande partie disparu dans l’influence générale de l’opinion publique. La sympathie en se communiquant, et le désir qu’ont les hommes de briller aux yeux des femmes, donnent aux sentiments de celles-ci une grande influence qui conserve les restes de l’idéal chevaleresque, cultive les sentiments élevés et généreux et continue cette noble tradition. De ce côté l’idéal de la femme est supérieur à celui de l’homme ; du côté de la justice il est inférieur. Quant aux relations de la vie privée, on peut dire d’une manière générale que son influence encourage les vertus douces et décourage les vertus austères : mais il faut tempérer cette proposition par toutes les exceptions que peuvent nous fournir les différences particulières des caractères. Dans les plus grands débats