Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/167

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ou la vertu se trouve engagée en ce monde, les conflits entre l’intérêt et les principes, l’influence des femmes a une tendance fort peu décidée. Quand le principe engagé dans le conflit est du petit nombre de ceux que leur éducation morale et religieuse a imprimés sur elles, les femmes sont des auxiliaires puissants de la vertu et poussent souvent leurs maris ou leurs fils à des actes d’abnégation dont ils n’auraient jamais été capables tout seuls. Mais avec l’éducation actuelle des femmes et la position qui leur est faite, les principes moraux qu’elles ont reçus ne s’étendent que sur une partie relativement faible du domaine de la vertu ; ce sont d’ailleurs des principes principalement négatifs ; ils défendent des actes particuliers, mais ils n’ont guère affaire avec la direction générale des pensées et des actions. J’ai peur d’avoir à avouer que le désintéressement dans la conduite de la vie, l’emploi dévoué des forces à des fins qui ne promettent à la famille aucun avantage particulier, reçoivent rarement l’appui ou l’encouragement des femmes. Peut-on les blâmer fortement de se détourner de buts dont elles n’ont pas appris à voir les avantages, qui éloignent d’elles les hommes qui leur appartiennent, et les enlèvent aux intérêts de la famille ? Toutefois il en résulte que l’influence des femmes est souvent loin d’être favorable à la vertu politique.