Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/181

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dissemblance, c’est l’infériorité. La simple dissemblance quand elle ne consiste qu’en une différence portant sur de bonnes qualités, peut faire plus de bien en favorisant le développement des conjoints l’un par l’autre, que de mal en dérangeant leur bien-être. Quand chacun des époux rivalise avec l’autre, désire d’acquérir les qualités particulières qui lui manquent, et y fait des efforts, la différence qui subsiste entre eux ne produit pas une diversité d’intérêts, mais elle rend l’identité d’intérêt plus parfaite, et grandit le rôle que chacun d’eux joue dans le bonheur de l’autre. Mais quand l’un des deux époux est de beaucoup l’inférieur de l’autre en capacité mentale et en éducation, et qu’il ne cherche pas activement avec l’assistance de l’autre, à s’élever à son niveau, l’influence entière de l’union intime sur le développement de celui des époux qui est supérieur est fâcheuse, et plus fâcheuse encore dans un mariage assez heureux que dans une union malheureuse. Ce n’est pas impunément que le supérieur par l’intelligence se condamne à vivre avec un inférieur qu’il choisit pour son compagnon intime et unique. Toute compagnie qui n’élève pas rabaisse ; et plus elle est intime et familière, plus elle a ce résultat. Un homme réellement supérieur commence presque toujours à perdre de sa valeur quand il est le roi de sa société. Le mari uni à une femme infé-