Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/182

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rieure à lui est toujours roi dans sa société la plus habituelle. D’une part il trouve toujours à satisfaire son amour-propre, d’autre part il prend insensiblement les manières de sentir et de juger d’esprits plus vulgaires ou plus bornés. Ce mal diffère de la plupart des maux dont nous nous sommes déjà occupés, en ce qu’il tend à s’accroître. L’association des hommes avec les femmes dans la vie de chaque jour est bien plus étroite et bien plus complète qu’autrefois. Auparavant, les hommes vaquaient entre eux à leurs plaisirs ou aux occupations de leur choix, et ne donnaient aux femmes qu’une petite part de leur vie. Aujourd’hui, le progrès de la civilisation et le revirement de l’opinion contre les passe-temps grossiers et les excès de table qui remplissaient jadis les loisirs de la plupart des hommes, et, il faut ajouter aussi, l’amélioration des sentiments modernes sur la réciprocité des devoirs qui lient le mari à la femme, ont amené l’homme à demander à sa maison et aux personnes qui l’habitent les plaisirs et la compagnie dont il a besoin : d’un autre côté le genre et le degré de perfectionnement qui s’est opéré dans l’éducation des femmes les a rendues, en une certaine mesure, capables de servir de compagnons à leurs maris dans les choses de l’esprit, tout en les laissant dans la plupart des cas irrémédiablement inférieures. C’est ainsi que le mari désireux d’une