Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/34

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d’une personne, toute sa vie, que le fait d’être né noir au lieu de blanc, ou roturier au lieu de noble. Il ne faut pas que le hasard de la naissance exclue personne de toutes les positions sociales élevées et de toutes les occupations respectables, à quelques exceptions près. Lors même que nous admettrions, ce qu’on nous objecte toujours, que les hommes sont plus propres à remplir toutes les fonctions qui leur sont réservées de nos jours, nous pourrions invoquer l’argument qui interdit de faire des catégories d’éligibilité pour les membres du parlement. Que la condition d’éligibilité exclue seulement en douze ans une personne capable de bien remplir la fonction de député, il y a une perte réelle, tandis qu’on ne gagne rien à l’exclusion de mille incapables : si le corps électoral est constitué de manière à choisir des personnes incapables, il trouvera toujours en abondance des candidats de cette espèce. Pour toutes les choses difficiles et importantes, le nombre des gens capables de s’en bien acquitter est plus petit qu’il ne faudrait, lors même qu’on laisse toute latitude au choix ; toute restriction à la liberté du choix prive la société de quelque chance de choisir un individu compétent qui la serve bien, sans jamais la préserver d’élire un incompétent.

À présent, dans les pays les plus avancés, les incapacités de la femme sont l’unique exemple, un excepté,