Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/35

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un excepté, où les lois et les institutions prennent des personnes à leur naissance, et décrètent qu’elles ne seront jamais, durant toute leur vie, autorisées à concourir pour certaines positions. La seule exception, c’est la royauté. Il y a encore des personnes qui naissent pour le trône ; nul ne peut y monter à moins d’être de la famille régnante, et, dans cette famille même, nul n’y peut parvenir que par le cours héréditaire de la succession. Toutes les autres dignités, tous les autres avantages sociaux sont ouverts au sexe masculin tout entier ; plusieurs, il est vrai, ne peuvent être obtenus que par la richesse, mais tout le monde a le droit de conquérir la richesse ; et bien des personnes de la plus humble origine y parviennent. La plupart rencontrent sans doute des obstacles qu’on ne peut surmonter sans le secours d’accidents heureux, mais nul individu mâle n’est frappé d’interdiction légale : nulle loi, nulle opinion n’ajoute aux obstacles naturels un obstacle artificiel. La royauté, comme je l’ai dit, fait exception, mais tout le monde sent que cette exception est une anomalie dans le monde moderne, qu’elle est opposée à ses coutumes et à ses principes, et ne se justifie que par des motifs extraordinaires d’utilité qui existent en réalité, quoique les individus et les nations ne les apprécient pas de même. Si, dans cette unique exception, nous trouvons une fonc-