Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/39

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femmes a toujours été en se rapprochant de l’égalité avec celle de l’homme. Cela ne prouve pas que l’assimilation doive aller jusqu’à une égalité complète ; mais assurément cela fournit en faveur de cette induction une forte présomption.

Il ne sert de rien non plus de dire que la nature des sexes les destine à leur position présente, et les y rend propres. Au nom du sens commun, et en me fondant sur la constitution de l’esprit humain, je nie qu’on puisse savoir qu’elle est la nature des deux sexes, tant qu’on ne les observera que dans les rapports réciproques où ils sont aujourd’hui. Si l’on avait trouvé des sociétés composées d’hommes sans femmes, ou de femmes sans hommes, ou d’hommes et de femmes, sans que celles-ci fussent assujetties aux hommes, on pourrait savoir quelque chose de positif sur les différences intellectuelles ou morales qui peuvent tenir à la constitution des deux sexes. Ce qu’on appelle aujourd’hui la nature de la femme est un produit éminemment artificiel ; c’est le résultat d’une compression forcée dans un sens, et d’une stimulation contre nature dans un autre. On peut affirmer hardiment que le caractère des sujets n’a jamais été déformé si complètement par leurs rapports avec leurs maîtres dans les autres sortes de dépendance ; car si des races d’esclaves ou des peuples soumis