Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/40

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par la conquête ont été à quelques égards comprimés plus énergiquement, toutes leurs tendances qu’un joug de fer n’a pas écrasées, si elles ont eu quelque liberté de se développer, ont suivi une évolution naturelle. Mais chez les femmes, on a toujours employé, à développer certaines aptitudes de leur nature, une culture de serre chaude, en vue des intérêts et des plaisirs de leurs maîtres. Puis, voyant que certains produits de leurs forces vitales germent et se développent rapidement, dans cette atmosphère chauffée où l’on n’épargne aucune culture, tandis que d’autres jets de la même racine laissés au dehors dans un air d’hiver, et entourés de glace à dessein, ne produisent rien, se brûlent et disparaissent, les hommes, avec l’incapacité de reconnaître leur propre ouvrage qui caractérise les esprits impropres à l’analyse, se figurent sans plus s’en inquiéter que la plante pousse spontanément de la façon qu’ils la font pousser, et qu’elle mourrait si l’on n’en tenait la moitié dans un bain de vapeur et l’autre moitié dans la neige.

De toutes les difficultés qui mettent obstacle au progrès des idées, et à la formation d’opinions justes sur la vie et les institutions sociales, la plus grande est aujourd’hui l’ignorance inexprimable et l’indifférence où l’on est en général au sujet des influences qui forment le caractère de l’homme. Dès qu’une partie de l’humanité