Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/49

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connaître la nature des femmes, et savoir comment les autres choses s’y adaptent.

Si j’ai insisté si longuement sur les difficultés qui empêchent les hommes d’acquérir une véritable connaissance de la nature réelle des femmes, c’est que sur ce point, comme sur bien d’autres, opinio copiæ inter maximas causas inopiæ est [L’opinion du plus grand nombre dans la plupart des cas est peu fiable (Francis Bacon, New Organon, 1620). Note Wikisource.], et qu’il y a peu de chances d’acquérir sur ce sujet des idées raisonnables tant qu’on se flattera de comprendre parfaitement un sujet dont la plupart des hommes ne savent absolument rien, et dont il est à présent impossible qu’un homme en particulier, ou tous les hommes pris ensemble, aient assez de connaissance pour avoir le droit de prescrire aux femmes leur vocation. Heureusement il n’est pas besoin d’une connaissance aussi complète pour régler les questions relatives à la position des femmes dans la société ; car, suivant tous les principes constitutifs de la société moderne, c’est aux femmes elles-mêmes de les régler, c’est à elles qu’il appartient de les trancher d’après leur propre expérience et avec l’aide de leurs propres facultés. Il n’y a pas d’autre moyen d’apprendre ce qu’une personne ou plusieurs peuvent faire, que de les laisser essayer ; nul ne peut se mettre à leur place pour découvrir ce qu’elles doivent faire, ou ce dont elles doivent s’abstenir pour leur bonheur.

Nous pouvons être tranquilles sur un point.