Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/50

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Ce qui répugne aux femmes, on ne le leur fera pas faire en leur donnant pleine liberté. L’humanité n’a que faire de se substituer à la nature de peur qu’elle ne réussisse pas à atteindre son but. Il est tout à fait superflu d’interdire aux femmes ce que leur constitution ne leur permit pas. La concurrence suffit pour leur défendre tout ce qu’elles ne peuvent faire aussi bien que les hommes, leurs compétiteurs naturels, puisqu’on ne demande en leur faveur ni primes ni droits protecteurs ; tout ce qu’on demande, c’est l’abolition des primes et des droits protecteurs dont jouissent les hommes. Si les femmes ont une inclination naturelle plus forte pour une certaine chose que pour une autre, il n’est pas besoin de lois ni de pression sociale pour forcer la majorité des femmes à faire la première plutôt que la seconde. Le service des femmes le plus demandé sera, quel qu’il soit, celui-là même que la liberté de la concurrence les excitera le plus vivement à entreprendre ; et, ainsi que le sens des mots l’indique, elles seront le plus demandées pour ce qu’elles sont le plus propres à faire, de sorte que ce qu’on aura fait en leur faveur assurera aux facultés collectives des deux sexes l’emploi le plus avantageux.

Dans l’opinion générale des hommes, prétend-on, la vocation naturelle des femmes est le mariage et la maternité. Je dis qu’on le prétend, parce qu’à en juger par les actes, par