Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/95

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loin que personne n’a encore osé le faire en face de l’expérience actuelle. Il ne suffit pas de soutenir que les femmes sont en moyenne moins bien douées que les hommes sous le rapport des plus hautes facultés mentales, ou qu’il y a moins de femmes que d’hommes qui soient propres à remplir les fonctions qui exigent la plus grande intelligence. Il faut prétendre absolument que nulle femme n’est propre à ces fonctions, et que les femmes les plus éminentes sont inférieures par les qualités de l’esprit à l’homme le plus médiocre à qui ces fonctions sont maintenant dévolues ; car si la fonction est mise au concours ou donnée au choix avec toutes les garanties capables de sauvegarder l’intérêt public, on n’a pas à craindre qu’aucun emploi important ne tombe dans la main de femmes inférieures à la moyenne des hommes, ou seulement à la moyenne de leurs compétiteurs du sexe masculin. Tout ce qui pourrait arriver, c’est qu’il y eût moins de femmes que d’hommes dans ces emplois ; ce qui aurait lieu dans tous les cas, parce que la plupart des femmes préféreraient probablement toujours la seule fonction que personne ne pourrait leur disputer. Or, le détracteur le plus déterminé des femmes ne se hasardera pas à nier que, si à l’expérience du présent nous ajoutons celle du passé, les femmes, non en petit nombre, mais en grand nombre, se soient