Page:John Stuart Mill - De l’assujettissement des Femmes.djvu/96

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montrées, capables de faire tout ce que font les hommes, sans aucune exception peut-être, et de le faire avec succès et honneur. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’il y a des choses où elles n’ont pas réussi aussi bien que certains hommes ; qu’il y en a beaucoup où elles n’ont pas obtenu le premier rang ; mais il y en a fort peu, de celles qui dépendent seulement des facultés intellectuelles, où elles n’aient atteint le second rang. N’est-ce pas assez, n’est-ce pas trop, pour prouver que c’est une tyrannie pour les femmes et un dommage pour la société, que de ne pas leur permettre de concourir avec les hommes pour l’exercice de ces fonctions ? Chacun ne sait-il pas que ces fonctions sont souvent occupées par des hommes bien moins propres à les remplir que beaucoup de femmes, et que des femmes auraient battus dans tout concours équitable. Qu’est-ce que cela fait qu’il y ait ailleurs dans d’autres emplois des hommes plus propres à remplir ceux dont nous parlons que ces femmes ? Est-ce que cela n’arrive pas dans toutes les compétitions ? Y a-t-il un si grand excès d’hommes propres aux hautes fonctions, que la société soit en droit de rejeter les services d’une personne compétente ? Sommes-nous si assurés d’avoir toujours un homme sous la main pour toutes les fonctions sociales importantes qui pourront vaquer, que nous n’ayons rien à perdre à frapper d’incapacité la moitié