Page:Joison - Le secret du cocu à roulettes ou le cadavre qui tue, 1915.djvu/46

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assurance sur la vie. Il lui suffisait de se cacher ; je touchais, à son décès, une somme qui nous eut permis de vivre, ignorés, loin du monde.

Nous achetâmes le silence de la veuve du faux cul-de-jatte… Une nuit, le médecin, mon mari et un ouvrier qui nous est dévoué allèrent en automobile chercher le cadavre. Il le revêtirent des habillements de mon mari et ils le jetèrent dans la Seine, afin de faire croire à une mort accidentelle. Dans notre précipitation, nous avions donné un costume usagé qui ne contenait aucune pièce d’identité. J’étais restée à Paris ; mon mari se cachait ici. Deux jours après on découvrait le cadavre du noyé.

J’appris qu’il n’avait pas été identifié et je me rendis à la Morgue. Mais là, on me déclara que le noyé avait déjà été reconnu par cinq femmes ! Tout cela était très compromettant, j’hésitai… et je partis sans signer la déclaration réglementaire. Je vins retrouver ici mon mari, en attendant les événements.

Nous croyions en être quitte ainsi, lorsque nous apprîmes les crimes mystérieux dont vous nous parliez tantôt : un journal avait donné le signalement du meurtrier. Effrayé, mon mari décida de se cacher. Il ne sortait pas d’ici et nous supposions ce refuge sûr, lorsque vous êtes venu… C’est tout ce que j’ai à vous dire, monsieur, mon récit est l’expression fidèle de la vérité.

Un doute subsistait dans l’esprit du détective. Le comte de Riva avait-il un rapport avec Pascal Aubrant ? Par principe, Lautrec était méfiant et il se demandait si le comte ne portait point un masque qui eut pu, dans la pénombre, dissimuler le visage d’Aubrant. Il lui fallait une certitude.