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mémoire sur l’atlantide.

belliqueux habitants. Ces deux villes, la pieuse et la guerrière, semblent nous désigner les deux époques de l’histoire des Atlantes, celle où, suivant les préceptes des Dieux leurs ancêtres, ils vécurent bons, justes et heureux, et la seconde dans laquelle, ouvrant leurs cœurs à l’ambition et à l’amour des conquêtes, ils devinrent la terreur de leurs voisins et s’attirèrent les châtiments célestes. Voilà des rapports assez frappants avec ce que nous apprennent le Timée et le Critias. Elien ne voit dans ce récit qu’un tissu de fables. Il a tort : il aurait dû distinguer le fond vrai de ce récit établi sur une tradition antique et constante et les ornements dont le génie poétique des philosophes de l’école de Socrate ne dédaignaient pas d’embellir leurs écrits et leur morale. Théopompe, disciple de Socrate, qui avait étudié la philosophie avec Platon, suivait à l’exemple de son illustre contemporain, la méthode d’employer dans ses écrits la poésie et ses heureuses fictions.

Ainsi, l’autorité de Platon et de ses contemporains nous paraît une preuve bien forte de l’existence de l’Atlantide. Mais combien d’autres preuves, combien d’autorités nombreuses viennent à l’appui !

Tous les historiens et géographes qui, après Platon, ont parlé de l’Atlantide, ont regardé son existence comme réelle ou du moins comme grandement probable. Pline parle de l’Atlantide et de sa disparition comme d’un fait reconnu par une tradition constante, et ne cite le témoignage de Platon que pour l’immensité de l’étendue de cette île. Voici son texte :

« In totum abstulit terras, primum omnium ubi Atlanticum mare est, si Platoni credimus, immenso spatio[1]. La nature a retranché totalement certaines régions : témoin premièrement cette terre Atlantique, où est aujourd’hui la mer du

  1. Livre II, ch. 90.