Page:Joliet - Les Pseudonymes du jour, 1884.djvu/69

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au public une œuvre d’haleine. Ses derniers romans ont justifié les espérances de ses amis. Jules Claretie sera-t-il un journaliste, un romancier ou un auteur dramatique ? Ceux qui connaissent cette infatigable et souple organisation pensent qu’il sera peut-être les trois choses à la fois. Il arrive pourtant que les événements disposent de certaines destinées littéraires. Mêlé très jeune, trop jeune, aux hommes et aux choses de la vie parisienne, sa nature fine, impressionnable et capricieuse a subi les courants et les milieux où elle était appelée à se développer. Enfant gâté par les succès de tous les jours, étonné d’abord de l’influence réelle qu’acquièrent tous ceux qui disposent de la publicité des journaux, il se laissait entraîner par ces émotions sans cesse renaissantes. Peut-être échappera-t-il au journalisme, qui ne lâche guère de proies, par la bizarrerie même de son tempérament, où l’enthousiasme de sa nature très vive s’allie au scepticisme de son expérience prématurée. Comme tous ceux qui ont beaucoup étudié dans les livres et dans la vie, il est toujours à la recherche de quelque chose nouvelle ou curieuse. À pareille nature il faut l’activité fiévreuse, un perpétuel changement de décor, des émotions souvent renouvelées. L’inconnu, l’étrange est son élément ; l’effort et le combat, sa vie ; jamais de repos. Viendra cependant une heure de lassitude, de fatigue, une heure de halte forcée. Jetant alors les yeux en arrière, il se demandera combien de pages légères se sont déjà envolées au vent dans le chemin parcouru.

À cette Notice, qui date de 1866, nous n’ajouterons qu’un mot : Jules Claretie est resté journaliste, romancier et auteur dramatique ; il est même resté jeune. C’est l’Encrier de Jouvence.