Page:Jolimont - Les mausolées français.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ou moins délicatement travaillée : et ces diverses coutumes, adoptées souvent, il est vrai, par des motifs contraires, furent, à quelques modifications près, celles de presque toute l’antiquité. D’autres peuples enfin, comme les Massagètes, par une exagération cruelle d’un culte si pur dans son principe, immolaient, dit-on, leurs vieillards et les dévoraient ensuite, pensant ne pouvoir leur donner de sépulture plus convenable que dans leurs propres entrailles, et croyaient honorer la nature en l’outrageant ainsi.

Mais nous ne prétendons point affliger ici la pensée par le sombre tableau des erreurs populaires : nous ne retracerons à l’imagination ni les funérailles des Druides, ensanglantées par des sacrifices humains, ni le spectacle barbare de ces jeunes veuves religieusement sacrifiées sur le bûcher de leurs époux, chez les adorateurs de Brama. Enfin, nous n’énumérerons point toutes les coutumes bizarres, toutes les pratiques ridicules ou cruelles qu’on mêla trop souvent à l’observance d’un devoir sacré, mais qui dans leurs écarts mêmes ne sont que l’application du sentiment de ce pieux respect que dans tous les temps les hommes ont porté aux mânes, et qui leur inspira souvent des actes du plus grand dévouement. C’est ainsi que les habitants de Géléad marchent toute la nuit et s’exposent aux plus grands dangers pour enlever les corps de Saül et de ses fils ignominieusement exposés sous les murs de Bethsam[1]. Priam ne craint pas de traverser le camp des Grecs ;

  1. Sam. 31, vers. 12.