Page:Jolimont - Les mausolées français.djvu/14

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Le culte des morts ne fut pas moins sacré chez les peuples modernes que chez les anciens, et il s’est conservé sans altération jusqu’à nous. Chaque âge a légué aux âges suivants des exemples utiles et des souvenirs attendrissants ; et les lumières du christianisme, en purifiant ce culte dans son objet et dans sa pratique, lui imprimèrent un caractère plus solennel et plus vrai. Mais le mépris de toute vaine gloire fut la première vertu des chrétiens, comme la pauvreté fut leur premier état ; ils durent donc bannir le luxe des tombeaux, et l’égalité la plus parfaite régna long-temps parmi eux dans l’asyle du trépas. Ce ne fut que lorsque l’église eut affermi sa puissance, que s’affaiblit peu-à-peu cette primitive sévérité. La vénération pour les reliques des saints, la reconnaissance due aux princes protecteurs de la religion, furent d’abord les motifs aux quels on doit quelques monuments particuliers élevés sur les cendres des martyrs, des pontifes, des rois ou des guerriers qui avaient combattu pour la foi ; et trop souvent, dans la suite, l’orgueil ou la flatterie s’emparèrent des trophées qui n’étaient dus qu’à la vertu.

Néanmoins les monuments somptueux furent rares, et ne datent parmi nous que d’un petit nombre de siècles. L’usage généralement adopté dans toute la chrétienté de n’ensevelir que dans une terre consacrée par la religion, soit dans les temples mêmes, soit dans des lieux ordinairement peu spacieux, toujours situes près des temples, que nous appelons cimetières, et la nécessité, par conséquent, d’y renouveler souvent les inhumations, ne permirent pas d’é-