Page:Jolimont - Les mausolées français.djvu/36

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Delille est du petit nombre d’hommes dont la réputation est au-dessus des éloges : il suffit à sa gloire de citer les chefs-d’œuvre qui ont immortalisé son nom, et dont s’enorgueillit sa patrie. Les poëmes de l’Imagination, de la Pitié, des Jardins, de l’Homme des Champs, des Trois Règnes de la Nature, la traduction en vers français des Géorgiques, de l’Énéide, du Paradis perdu, etc., ont fait l’étonnement et l’admiration de toute la république des lettres, et sont de ces trophées impérissables qui survivent à la destruction des tombeaux et triomphent du temps.




Delille naquit en 1740 près de Clermont en Auvergne ; sa mère descendait de l’illustre famille du chancelier de l’Hospital. Il travaillait encore à un poëme sur la Vieillesse, lorsqu’il mourut le 1er mai 1813, à l’âge de soixante-quinze ans. Il écrivait également bien en vers et en prose ; personne n’avait dans le monde un esprit plus facile et plus brillant ; personne ne racontait avec plus de grace, et n’écoutait avec plus de complaisance ; personne enfin ne joignit à un esprit aussi sublime un caractère plus doux, plus aimable et plus modeste.


    La douce illusion te montrera mon ombre,
    Assise sur mon monument ;
    Là, quelquefois plaintive et désolée,
    Pour me charmer encor dans mon triste séjour,
    Tu viendras visiter au déclin d’un beau jour
    Mon poétique mausolée.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Et si jamais tu te reposes
    Dans ce séjour de paix, de tendresse et de deuil,
    Des pleurs versés sur mon cercueil
    Chaque goutte en tombant fera naître des roses.

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Tu n’y pourras graver ces titres solennels…