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ment dont le trait est si spirituel ; mais vous comprendrez à merveille que ce ne serait pas la peine d’échapper aux attaques du journalisme s’il fallait rester en butte à celles du livre.

Montesquieu

Eh bien, commençons par le journalisme.

Machiavel

Si je m’avisais de supprimer purement et simplement les journaux, je heurterais très-imprudemment la susceptibilité publique, qu’il est toujours dangereux de braver ouvertement ; je vais procéder par une série de dispositions qui paraîtront de simples mesures de prévoyance et de police.

Je décrète qu’à l’avenir aucun journal ne pourra se fonder qu’avec l’autorisation du gouvernement ; voilà déjà le mal arrêté dans son développement ; car vous vous imaginez sans peine que les journaux qui seront autorisés à l’avenir ne pourront être que des organes dévoués au gouvernement.

Montesquieu

Mais, puisque vous entrez dans tous ces détails, permettez : l’esprit d’un journal change avec le personnel de sa rédaction ; comment pourrez-vous écarter une rédaction hostile à votre pouvoir ?

Machiavel

L’objection est bien faible, car, en fin de compte, je n’autoriserai, si je le veux, la publication d’aucune feuille nouvelle ; mais j’ai d’autres plans, comme