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manière permanente, les fonctions de juridiction et de contrôle sur le compte, le maniement et l’emploi des deniers publics, ayant même pour mission de signaler les parties de l’administration financière qui peuvent être améliorées au double point de vue des dépenses et des recettes. Ces explications suffisent. Ne trouvez-vous pas qu’avec une organisation comme celle-là, le pouvoir absolu serait bien embarrassé ?

Machiavel.

Je suis encore atterré, je vous l’avoue, de cette incursion financière. Vous m’avez pris par mon côté faible : je vous ai dit que je m’entendais fort peu à ces matières, mais j’aurais, croyez-le bien, des ministres qui sauraient rétorquer tout cela et démontrer le danger de la plupart de ces mesures.

Montesquieu.

Ne le pourriez-vous pas un peu vous-même ?

Machiavel.

Si fait. À mes ministres le soin de faire de belles théories ; ce sera leur principale occupation ; quant à moi, je vous parlerai finances plutôt en politique qu’en économiste. Il y a une chose que vous êtes trop porté à oublier, c’est que la matière des finances est, de toutes les parties de la politique, celle qui se prête le plus aisément aux maximes du traité du Prince. Ces États qui ont des budgets si méthodiquement ordonnés et des