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je le décréterai extraordinairement, j’ouvrirai dictatorialement les crédits nécessaires et je les ferai approuver par mon conseil d’État.

Montesquieu.

Et vous continuerez ainsi ?

Machiavel.

Non pas. Dès l’année suivante je rentrerai dans la légalité ; car je n’entends rien détruire directement, je vous l’ai dit plusieurs fois déjà. On a réglementé avant moi, je réglemente à mon tour. Vous m’avez parlé du vote du budget, par deux lois distinctes : je considère cela comme une mauvaise mesure. On se rend bien mieux compte d’une situation financière, quand on vote en même temps le budget des recettes et le budget des dépenses. Mon gouvernement est un gouvernement laborieux ; il ne faut pas que le temps si précieux des délibérations publiques se perde en discussions inutiles. Dorénavant le budget des recettes et celui des dépenses seront compris dans une seule loi.

Montesquieu.

Bien. Et la loi qui interdit d’ouvrir des crédits supplémentaires, autrement que par un vote préalable de la Chambre ?

Machiavel.

Je l’abroge ; vous en comprenez assez la raison.