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Machiavel.

Sans aucun doute ; il est temps de vous dire maintenant comment on fait face au passif.

Montesquieu.

Vous dites, on fait face au passif : je voudrais une expression plus exacte.

Machiavel.

Je me sers de cette expression parce que je la crois d’une exactitude réelle. On ne peut pas toujours éteindre le passif, mais on peut lui faire face ; le mot est même très-énergique, car le passif est un ennemi redoutable.

Montesquieu.

Eh bien, comment lui ferez-vous face ?

Machiavel.

À cet égard les moyens sont très-variés : il y a d’abord l’impôt.

Montesquieu.

C’est-à-dire le passif employé à payer le passif.

Machiavel.

Vous me parlez en économiste et non en financier. Ne confondez pas. Avec le produit d’une taxe on peut réellement payer. Je sais que l’impôt fait crier ; si celui que l’on a établi gêne, on en trouve un autre, ou l’on rétablit le même sous un autre nom. Il y a un grand art, vous le savez, à trouver les points vulnérables de la matière imposable.