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Page:Joly - Note sur l'enseignement agricole en France et à l'étranger.djvu/19

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qu’on ne connaissait pas autrefois ? Oui, je ne crains pas de le dire, à force de faire des écoles d’institutrices, il y aura, dans quelques années, autant d’institutrices que d’élèves ; pour garnir certaines écoles on grève les communes et l’on crée des bourses à certaines familles : où cela va-t-il conduire toutes nos malheureuses déclassées ? Nous avions déjà des légions de bacheliers inutiles devenant remisiers ou journalistes ; que deviendront les institutrices ? hélas ! je n’ose le dire.

Quand on examine de près notre situation commerciale, si gênée aujourd’hui, il semble que le remède est bien simple[1] ;

  1. J’avoue que, pour ma part, je ne suis pas porté pour les changements de gouvernement : depuis cent ans que nous sommes dans le provisoire, tous ont fait d’irréparables sottises. Dans une vie déjà longue, j’en ai vu quatre, cela me suffit, et voici ma conclusion : quoiqu’on fasse, c’est comme un déménagement, cela coûte fort cher, et l’on change souvent son cheval borgne pour un aveugle. Il faut toujours combler d’honneurs et d’argent les nouvelles couches gouvernementales, c’est-à-dire les affamés qui, sous tous les régimes, vivent aux dépens du budget. Prenons seulement la masse des contribuables, les méritants, ceux qui travaillent, et adressons-leur ces simples questions : Vous êtes aujourd’hui souverains, vous êtes la force, puisque vous êtes le nombre : hé !, bien, voyons : Payez-vous moins d’impôt ? Votre loyer est-il diminué ? La vie matérielle est-elle moins chère ? La moralité publique a-t-elle augmenté ? Y a-t-il moins d’enfants illégitimes ? Votre commerce est-il plus prospère ? Et vous, ouvriers, vous est-il plus facile de vous élever par le travail, et d’assurer le repos de votre vieillesse ? — Hélas, non ! — Hé bien alors… Au reste, quand on entend gronder sourdement les orages qui menacent les sociétés modernes, on est en droit de se demander si les pouvoirs publics ont fait ce qu’indique la prévoyance pour nous mettre à l’abri des tempêtes sociales qui éclatent de temps à autre. Les uns, sous prétexte de respecter le droit d’asile, reçoivent l’écume des révolutionnaires et des pestiférés politiques qui apportent avec eux leurs fatales utopies ; les autres, pour faire de la réclame électorale, promettent ce qu’ils ne peuvent tenir. Si les réunions publiques sont libres, les folies et les menaces éclatent au grand jour ; si elles sont interdites, on a recours aux complots, et la lutte prend un autre nom : elle produit les régicides, et le fond est le même. Sans doute, la charité fait des miracles, mais, dans le corps social, il y a, comme dans le corps humain, l’hygiène et la thérapeutique. La charité, comme la thérapeutique, soulage et guérit quelquefois, mais mieux vaut faire de l’hygiène, prévenir le mal, améliorer les conditions du travail par les sociétés coopératives, les sociétés de secours mutuels, les caisses de retraite, etc., etc. Quand, en Europe, le choléra fait irruption, on prend toutes les précautions pour l’éviter. Hé ! bien, nous sommes menacés d’une épidémie bien autrement terrible : le socialisme, c’est-à-dire la guerre à la propriété par tous les moyens, l’assassinat, le feu, la dynamite. Dans tous les pays, le but est le même : déposséder celui qui a : on ne dit plus comme au temps des Saint-Simoniens : « À chacun suivant ses œuvres », ce qu’on veut, c’est la richesse par la violence, sans le travail et l’économie. N’y a-t-il pas ici de la faute de tout le monde ?