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L’oranger était à peine cultivé il y a quinze ans et, en 1889, on en a exporté plus de 3000 wagons. La récolte des fruits frais s’est élevée à 450 millions de kilogrammes et l’exportation des fruits desséchés a pris une extension énorme sur les marchés de Chicago et de New-York.

Je lis dans les Transactions of the California state agricultural Society, publiées à Sacramento, que l’exportation des fruits frais par le Pacific Rail Road (sans compter la consommation locale) s’est élevée de 4 832 300 livres en 1871 à 54 millions de livres en 1888 : on a expédié, en 1872, 182 000 boites de conserves et plus de 56 millions en 1887. En 1875, on ne connaissait pas les raisins secs : en 1888, on en a exporté près de 17 millions de livres. Que sera-ce dans cinquante ans ?

La Californie n’est pas le seul État où la production fruitière prend un essor considérable. Mon ami, M. P.-J. Berckmans, président de la Société pomologique américaine, m’écrivait en juillet dernier : « On vient de planter à Elberta, près de Macon, en Géorgie, un verger de 400 hectares où l’on a mis 80 000 pêchers. » Le fret payé par M. Berckmans pour l’envoi de ses fruits dépasse 1000 francs par jour, et encore moitié de la récolte reste sur place et se gâte faute de transport à grande vitesse ou par suite d’une maturité trop rapide. Pour les pastèques seules de la Géorgie, les envois au Nord ont exigé, en 1889, 12 000 wagons.

Cette note ne serait pas complète si je ne parlais pas ici de l’avenir du Roi des fruits, c’est-à-dire du raisin qui sert à notre alimentation à l’état frais, à l’état sec, à l’état de vin ou d’eau-de-vie, et qui est aujourd’hui pour beaucoup de gouvernements une des sources les plus considérables de leurs revenus. Aussi, dans tous les climats qui s’y prêtent, chacun plante à l’envie l’arbre de Noé. En Californie, le raisin importé par les frères Franciscains, ou raisin de la mission, a été cultivé longtemps, lorsqu’en 1855, M. A. Delmas importa à San José, par le cap Horn, des boutures d’une centaine de variétés françaises. Après lui, la famille Haraszthy importa plus de 200 000 boutures de toutes les vignes de l’Europe, de l’Asie mineure et de la Perse. Mais ce n’est que vers 1880 que l’industrie viticole fut déve-