Page:Joly - Note sur la production fruitière en Californie.djvu/8

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mercial des États-Unis qui veulent englober le Canada et l’Amérique du Sud dans leur orbite, pour en faire des débouchés à leur industrie. La nature les a doués de tant de sources de richesses, comme je l’ai souvent démontré, qu’ils peuvent désormais prendre la fameuse devise de « l’Italia fara da se ». Ce qu’il faut voir dans leur guerre de la Sécession et dans leur politique commerciale actuelle, ce n’est ni le patriotisme ni le besoin d’abolir l’esclavage : tout cela est « l’enseigne ». On sait que dans presque toutes les choses humaines, les opinions ne sont que des intérêts[1]. Eh bien ! au fond de la guerre de la Sécession, il y avait l’intérêt commercial, l’antagonisme existant entre les manufacturiers du Nord et les producteurs agricoles du Sud. C’est encore aujourd’hui le même motif qui a amené le bill Mac-Kinley et nous allons y voir le même intérêt opposé se manifester dans les élections chez les manufacturiers de l’Est et les agriculteurs de l’Ouest. Ces derniers verront que les récentes mesures douanières auront pour résultat immédiat de leur faire payer plus cher les produits manufacturés et de fermer les débouchés étrangers à leurs produits agricoles.

Lorsque le territoire californien a été livré, vers 1849, aux Américains, la découverte des mines d’or a causé de suite une immigration considérable. Le sol a été exploité d’abord en céréales et en fourrages. Aujourd’hui, on se tourne vers les cultures fruitières et la viticulture qui sont, à cause du sol et du climat, bien plus profitables. Les premiers fruits cultivés ont été d’abord importés par les missionnaires espagnols qui venant du Mexique, en remontant vers le Nord, introduisirent les fruits des tropiques et une vigne très productive, mais médiocre de qualité, qu’on a cultivée longtemps sous le nom de vigne de la mission. Plus tard, on fit venir d’Europe tous les plants principaux et l’on fit des essais de tout genre qui aujourd’hui com-

  1. Nous disons que la race anglo-saxonne aux États-Unis est envahissante : avouons que l’Europe fait absolument de même. En ce moment, sous le même prétexte de la suppression de la traite des nègres, elle se partage sans vergogne les vastes territoires de l’Afrique, sans demander, bien entendu, l’avis des populations qu’elle vient « protéger », c’est-à-dire, envahir et exploiter.