Aller au contenu

Page:Jonson,marlowe,dekker,middleton-les contemporains de shakespeare-1920.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Premier juif

S’ils venaient pour s’entendre, ils n’affecteraient pas des dehors aussi provocateurs.

Deuxieme juif

Je crains que leur venue nous réserve quelque chose.

Barabas

Vous perdez la tête ! Vous jugez mal leurs démonstrations ! Quel besoin de s’entendre peuvent avoir des gens unis ? Les Turcs et les Maltais ne sont-ils pas alliés ? Il y a autre chose là-dessous.

Premier juif

Enfin, Barabas, ils viennent pour la paix ou la guerre !

Barabas

Peut-être simplement pour tâter s’ils pourraient atteindre Venise par l’Adriatique, ce qu’ils ont essayé maintes fois.

Troisieme juif

Voilà parler sagement.

Deuxieme juif

En attendant tous les Juifs sont convoqués au Sénat.

Barabas

Hum ! Tous les Juifs ?

Premier juif

Sur ce, partons.

Deuxieme juif

Adieu Barabas.

Barabas

Adieu Zaareth ; adieu Temainte.

(Les Juifs sortent)

Maintenant, Barabas, à toi d’approfondir la question. Fais appel à tes sens et réunis tes esprits. Ces hommes simples n’y voient pas clair. Depuis longtemps Malte paie tribut au Turc. Il se pourrait que ce dernier eût laissé s’amasser une somme que toutes les richesses de l’île ne suffiraient pas à acquitter, et que, fort de cet avantage, il songe à s’emparer de la ville. En tout cas, je vais prendre mes précautions et mettre prudemment à l’abri ce que je possède. Ego mihimet sum semper proximus. Après cela ils pourront entrer et prendre la ville.

(Il sort)