Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/109

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création, qui promettaient un si fort développement de force et de richesse à la Moldavie et à la race roumaine. Abaissant pour la première fois sa fierté, il alla solliciter pour son œuvre de revanche le concours de ses voisins chrétiens. « Notre prince, avaient dit, en 1476, ses ambassadeurs au doge, a commencé sa guerre (contre les Turcs) de sa propre initiative, et il est maître souverain de son État et de ses sujets ». Maintenant, il fallut faire des concessions à la vanité du roi Casimir ; il conjura le vieux souverain polonais de lui fournir ses lourdes troupes, qui auraient peut-être raison des nouveaux maîtres du Danube moldave. Il dut prêter hommage devant une nombreuse assistance, dans des formes qu’il avait considérées comme la plus grande humiliation, et cela à Kolomea, pour montrer qu’il abandonnait ses prétentions sur la Pocutie qu’il avait héritées de son grand-père. L’appui des Polonais permit au Voévode de vaincre les Turcs de la nouvelle province danubienne à Catlabuga, dans la région des grands lacs bessarabiens, et de repousser une nouvelle attaque contre Suceava, au cours de laquelle s’étant saisi du prétendant, il le fit décapiter ; mais la paix conclue en 1489 entre le roi et le Sultan mit fin à ses espérances. Abandonné par son voisin hongrois, qui était cependant son allié et partageait ses idées de croisade, il dut se résigner à payer tribut et il envoya son fils Alexandre à La Porte.

Pour se venger de cet abandon, Etienne manifesta, dès 1490, ses intentions de réclamer la Pocutie. On lui répondit par le guet-apens de 1497, conseillé par le Florentin, déjà mentionné, Callimachus à l’ambitieux successeur de Casimir, Jean-Albert ; il s’agissait de tromper le Moldave : on le pousserait à entreprendre une nouvelle croisade, qui irait chercher les Turcs du Danube pour leur faire rendre gorge et restituerait à la principauté Chilia et Cetatea-Alba ; mais en même