Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/110

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temps, on se serait saisi de la Moldavie pour en faire l’apanage de Sigismond, le prince « sans terre » de la famille royale.

Etienne éventa bientôt le projet ; de Suceava, où il laissa une puissante garnison, il se retira à Roman ; là il demanda l’intervention du propre frère de Jean-Albert, ce paisible Vladislav qui avait obtenu, contre Maximilien d’Autriche, préféré par le Moldave, l’héritage du roi Matthias.

Le roi de Pologne, qui avait amené avec lui une brillante armée de chevaliers, comme celle qui s’était fait battre jadis à Crasna, ne parvint pas à se rendre maître de Suceava. La médiation hongroise, représentée par le Voévode même de Transylvanie, Barthélémy Dragffy, Roumain de sang et parent très éloigné d’Etienne, fut acceptée. Les troupes royales en se retirant devaient suivre la même voie qu’elles avaient prise pour l’invasion ; cela signifiait les affamer, car toute cette région avait été déjà complètement dévastée. Lorsque, se dirigeant vers les districts encore intactes de la Moldavie septentrionale, les riches barons, leur suite nombreuse, les Chevaliers Teutoniques se furent engouffrées dans les grandes forêts de hêtres de la Bucovine, où déjà au XIVe siècle un corps auxiliaire polonais avait été détruit par Pierre Ier, les Moldaves, cachés dans les profondeurs, firent tomber les arbres, préalablement sciés plus qu’à demi, sur cette masse pesante, encombrée par les chariots de guerre et affolée par le galop des chevaux effrayés. Le massacre fut épouvantable, et une autre rencontre, à Lentesti, sur la lisière de cette région boisée, acheva le désastre de l’armée.

Après avoir vu les bandes de Turcs, payées par l’ennemi qu’on avait si imprudemment provoqué, chevaucher dans les vallées de la Galicie et l’armée du Moldave lui-même défier, en 1498, la garnison de Lembergterrorisée,