Page:Jorga - Histoire des roumains et de leur civilisation, 1920.djvu/117

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milieu de ce même siècle, on trouve ces évêques à Kameti (les Hermites), dans la montagne de l’Ouest, à Gioagiu (Felgyogy), puis dans l’ancien couvent de Prislop, du côté de Hateg (Hatszeg) ; quelques émigrés balcaniques plus ou moins frottés d’hellénisme vinrent aussi faire souche d’évêque ; un de ceux-là, Marc, s’établit aux portes mêmes de Cluj (Klausenburg), une des plus grandes villes saxonnes à cette époque, tout près de la forêt gardée par une colonie valaque à Feleac, où subsiste encore l’église gothique enrichie par les dons des princes roumains. Un de ces prélats émigrés, Jean de Caffa, avait été contraint par Jean de Hunyady et son collaborateur dans la croisade, Saint-Jean de Capistrano, d’adopter la confession catholique.

Il faut penser aussi à l’émigration valaque ; les querelles incessantes pour le trône jetaient en Transylvanie presque annuellement des boïars persécutés, des conspirateurs convaincus de leurs mauvaises intentions, des princes qui avaient régné ou seulement des prétendants qui avaient déjà manifesté le désir de reprendre l’héritage de leurs pères ou de leurs ancêtres. Il y avait dans leur suite des guerriers qui comptaient revenir sous les drapeaux de leur maître, des clients de toute espèce, même des évêques, des prêtres, des moines qui étaient leurs conseillers et leurs secrétaires, en même temps que les émissaires les plus habiles de leur cause. Tout un monde féminin les accompagnait, et les vêtements de l’Orient, empruntés à Byzance et au nouveau monde balcani-que, les pierres précieuses qui représentaient dans l’incertitude continuelle un placement de capital, les fêtes brillantes et bruyantes de ces hôtes, ajoutaient un ornement étrange à la vie laborieuse, mais très mesquine, de ces bonnes cités saxonnes qui tiraient profit du séjour de ces émigrés sans se plier à leurs